Divorce international : Allez à l’essentiel

Publié le 16 mai 2025 à 09:06

Le couple vit à l’étranger. Deux questions clés doivent être tranchées d’abord :

  1. Quel juge est compétent ?

  2. Quelle loi s’applique ?

Il ne suffit pas de savoir quel tribunal saisir : la loi applicable peut être différente (un juge français peut appliquer une loi étrangère, et inversement). D’où l’importance d’une analyse personnalisée de votre situation.

✅ À vérifier avant d’agir
• Où chacun réside-t-il habituellement ?
• Quelles nationalités détenez-vous ?
• Y a-t-il un contrat de mariage (et une loi choisie) ?
• Y a-t-il des enfants et/ou des obligations alimentaires en jeu ?
• Des conventions bilatérales sont-elles pertinentes (ex. franco-marocaine, franco-polonaise, franco-yougoslave) ?

 

🧭 Compétence des juridictions (Bruxelles II ter – Règlement UE 2019/1111)
Sont compétents les tribunaux de l’État membre :
• de la résidence habituelle des époux,
• de leur dernière résidence habituelle (si l’un y réside encore),
• de la résidence habituelle du défendeur,
• en cas de demande conjointe : de la résidence habituelle de l’un ou l’autre,
• de la résidence du demandeur (≥ 1 an ; ≥ 6 mois si national du pays),
• ou de la nationalité commune des époux.
👉 Si plusieurs juridictions sont possibles, le premier juge saisi est prioritaire (course au « for »).

 

💡 Exemples rapides
• Vous êtes français, résidez en France, votre époux vit à l’étranger : vous pouvez saisir le juge français si vous vivez en France depuis ≥ 6 mois (ou sans délai si votre conjoint est aussi français).
• Vous êtes étranger, résidez en France, votre époux est à l’étranger : le juge français est compétent si vous vivez en France depuis ≥ 1 an.

 

📜 Loi applicable au divorce (Rome III – Règlement UE 1259/2010)
• Les époux peuvent choisir la loi qui régira leur divorce.
• À défaut de choix :
→ loi de la résidence habituelle des époux au moment de la demande,
→ sinon, loi de leur dernière résidence commune (si < 1 an et qu’un époux y réside encore),
→ sinon, loi de leur nationalité commune,
→ à défaut, loi de l’État du juge saisi.

 

💍 Régime matrimonial (Convention de La Haye du 14/03/1978)
• Avec contrat et choix exprès : la loi choisie s’impose (pour les mariages après le 01/09/1992).
• Sans contrat :
→ Mariages avant le 01/09/1992 : loi du premier domicile conjugal.
→ Après : même règle, sauf changement durable de résidence ou nationalité commune.

🍽️ Obligations alimentaires
• Règlement (CE) n°4/2009 & Protocole de La Haye (23/11/2007).
• Règle générale : loi du pays de résidence du créancier (avec exceptions selon les situations).

 

👶 Autorité parentale, résidence des enfants, droits de visite
• Lorsque le juge du divorce est compétent, il applique sa propre loi (Convention de La Haye du 19/10/1996, art. 15).

 

🛠️ Méthode (pas à pas)

  1. Cartographier la situation : domiciles, nationalités, enfants, patrimoine, contrat de mariage.

  2. Identifier les fors possibles et choisir une stratégie de saisine (priorité au premier saisi).

  3. Déterminer les lois applicables (divorce, régime, alimentaire, enfants) et leurs effets.

  4. Rassembler les pièces : justificatifs de résidence, état civil, contrat, preuves des charges/enfants.

  5. Anticiper l’exécution internationale (reconnaissance, exequatur le cas échéant).

 

🔎 Points de vigilance
• Le lieu du mariage n’influe pas sur la compétence du juge.
• Les délais et la première saisine sont décisifs.
• Les conventions bilatérales peuvent primer/compléter le droit de l’UE.
• Des lois différentes peuvent s’appliquer à chaque volet (divorce, biens, enfants, pensions).